La passion de se battre
était si profondément ancrée au cœur des seigneurs féodaux qu'à
défaut de guerre ils se donnaient rendez-vous à certains jours
pour lutter sans autre motif que le plaisir de la lutte : c'était
les tournois.

C'étaient de véritables
guerres, mais dont la durée était limitée d'avance.
Ils avaient lieu dans une plaine, dans un vallon, et toute la
noblesse de la région s'y rencontrait en formant deux équipes
opposées.
Après des engagements individuels, les joutes, où
les nobles cherchaient à se capturer pour se faire payer des rançons,
la bataille devenait générale, avec tous les caractères de la
guerre : charges en masse serrées, ruses, emploi de renforts dissimulés
jusqu'au moment décisif.
Les armes n'étant pas émoussées, on comptait souvent des blessés,
parfois des morts.
Ces exercices malgré
leur violence, à cause même de leur violence, avaient une vogue
exceptionnelle.
Un chroniqueur exprimait l'idéal de ses contemporains quand il
écrivait en traçant le portrait d'un vrai noble :
"
Il faut qu'un chevalier ait vu au tournoi son sang couler, que
ses dents aient craqué sous les coups de poing, qu'il ait été
jeté à terre de façon à sentir le poids du corps de son ennemi,
et que, vingt fois désarçonné, il se soit relevé vingt fois de
ses chutes, plus acharné que jamais au combat. "
Du reste on ne se battait
pas seulement pour l'honneur : le cheval et les armes des vaincus
revenait aux vainqueurs, qui exigeaient, en outre, des rançons.
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