Deux traits essentiels
peuvent caractériser la société féodale :
- la présence d'un
certain nombre de personnages, appelés suzerains,
de qui dépendent d'autres homme, appelés vassaux
- la répartition
des terres en un certain nombre de domaines, appelés fiefs,
sur qui pèsent des obligations spéciales.
1) Suzerains et
Vassaux
Dès l'époque mérovingienne,
beaucoup d'hommes libres, à l'imitation des leudes qui formaient
l'entourage du roi, avaient pris l'habitude de se lier à d'autres
hommes plus riches, plus puissants, en les reconnaissant pour
leurs protecteurs et en leur prêtant un serment de fidélité, qui
faisait d'eux les vassaux de ces protecteurs.
Charles Martel s'était procuré ainsi de nombreux vassaux.
Beaucoup de grands firent de même. Il y eut donc, à l'intérieur
du royaume franc, de multiples petits groupes, dont les membres,
vassaux, dépendait d'un chef, seigneur, avant de dépendre de l'Etat.
Entre l'autorité du roi et les simples hommes libres s'intercala
de plus en plus l'autorité du seigneur.
Ce régime se développa encore pendant la période carolingienne,
notamment lors des troubles qui marquèrent la fin de la dynastie.
Pour se défendre soit contre les incursions des Normands, soit
contre l'exigence des comtes, la plupart des hommes libres acceptèrent
de se mettre sous la protection d'un seigneur, en se recommandant
à lui sous certaines conditions.
Au XIe siècle il n'y avait presque plus d'hommes libres qui ne
fussent devenus des vassaux, c'est-à-dire qui ne fussent liés
à des personnages plus haut placés, leurs seigneurs ou suzerains.
2) Fiefs
Pour les mêmes raisons,
dans le désordre général, les petits ou moyens propriétaires,
ne pouvant défendre eux-mêmes leur bien, se décidèrent de confier
celui-ci à un grand propriétaire voisin en lui abandonnant la
propriété ; en échange ils reçurent de lui le droit de jouir de
ce bien, à condition de remplir certaines charges. Le bien devint
ainsi ce qu'on appelle un bénéfice.
De leur côté, les rois, pour garder leurs fidèles, se mirent à
leur distribuer les terres de l'Etat à titre de bénéfices.
Au XIe siècle il n'y eut presque plus de terre qui ne fût ainsi
soumise à des obligations, qui ne fût devenue un bénéfice ou,
comme on disait maintenant, un fief.
Vassalité et fief se trouvaient, du reste¸ étroitement mêlés.
Tout homme qui devenait le vassal d'un autre se faisait en même
temps concéder par celui-ci un bénéfice lui permettant de vivre
à son aise et qui devenait son fief : " Pas de vassal sans
fief ", disait-on. Pareillement, tout propriétaire qui cédait
sa terre à un autre pour la recevoir ensuite à titre de fief s'engageait
envers celui-ci et devenait son vassal : " Nulle terre sans
seigneur " disait-on encore.
D'un bout de la France à l'autre, le pays se subdivisa en une
multitude de fiefs, plus ou moins étendus, dépendant les uns des
autres, les plus hauts dépendant directement du roi, qui ne fut
plus que le premier des seigneurs, et le terme de seigneurs servit
à désigner maintenant, d'une façon générale, tous ceux qui possédaient
un fief.
Le fief n'était pas une propriété complète : le suzerain qui l'avait
concédé restait en titre le vrai propriétaire ; il avait le droit,
comme tel, de planter sa bannière sur la tour du château de son
vassal.
Celui-ci ne pouvait en disposer librement : s'il mourait sans
héritier, le fief retournait au suzerain ; s'il avait des enfants,
il était admis que le fils aîné le conservait (droit d'aînesse),
mais, pour bien montrer que celui-ci ne gardait pas le domaine
par droit d'héritage, il devait se le faire attribuer à nouveau
par le suzerain, qui en profitait pour lui faire payer une taxe
équivalente à une année de revenus, droit de relief ou de rachat.
Si le vassal venait à manquer à ses engagements, la concession
qui lui avait été faite disparaissait du même coup : il tombait
en forfaiture et le suzerain avait le droit, soit de confisquer
définitivement le fief, soit de le reprendre momentanément, de
le mette sous séquestre jusqu'à ce que, le vassal s'étant amendé,
il lui restituât ses pouvoirs.
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