Dans le château fort,
la pièce essentielle était, au premier étage du donjon, la Grande
Salle.
C'est là que les habitants du château se retrouvaient chaque matin
pour entendre la messe, prenaient leurs repas, se groupaient pendant
les longues veillées d'hiver autour de la haute cheminée.
Les meubles étaient rares : profondes armoires, bahuts, bancs,
chaises, pliants, tabourets. On recouvrait le sol de tapis ou,
plus souvent, de paille, de fleurs, de joncs (d'où le verbe joncher).
Trois longs repas coupaient
la journée, comprenant surtout des viandes. Si le mauvais temps
empêchait de sortir, les seigneurs pouvaient se distraire en jouant
aux dés, aux échecs, au trictrac
(jeu de dames et de dés combinés), ou bien allaient visiter les
ménageries, où ils se plaisaient à entretenir les
animaux rares.
Les femmes filaient à la quenouille, cousaient ou
brodaient, en chantant ce qu'on appelait des " chansons de
toile " parce qu'elles servaient à accompagner ces travaux
féminins.
On dansait souvent
des rondes, des caroles, surtout après les repas.
On écoutait les musiciens, les ménestrels attachés
au château, qui jouaient de la vielle.
Certains féodaux aimaient à se faire faire la lecture, quelques-uns
à composer des vers ; tous s'empressaient à recevoir dans leurs
demeures les troupes de jongleurs, qui circulaient d'un pays à
l'autre en faisant des tours de passe-passe, en montrant des animaux
savants, en jouant du tambour, des castagnettes ou de la harpe,
et aussi en récitant les œuvres des poètes.
Pour les beaux temps,
la distraction préférée était la chasse.
Les châteaux se trouvaient toujours à proximité des forêts ou
des plaines giboyeuses, et les nobles se réservaient jalousement
le droit de chasse, faisant punir sans pitié les braconniers par
leurs gardes, les forestiers.
Du reste, la chasse n'était pas seulement pour eux une distraction
; elle leur offrait une précieuse ressource pour leur table, le
gibier et la volaille formant la base de l'alimentation.
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