Les villes émancipées
n'eurent pas partout le même régime.
Dans l'ensemble, elles se répartirent en deux catégories : villes
franches et communes.
Les villes franches
furent celles où le seigneur, tout en voyant ses pouvoirs
limités par une charte, continua de prendre part à l'administration
de la ville.
On se contenta d'énumérer exactement dans la charte ses droits,
surtout en matière de redevances ou de justice, afin qu'il ne
pût rien réclamer de plus ; mais il garda l'autorité souveraine.
Les communes étaient les villes qui avaient obtenu d'administrer
elles-mêmes la plus grande partie de leurs affaires, le seigneur
ayant perdu tous ses droits.
A cet effet, elles possédaient une organisation complète : un
conseil de magistrats, appelés suivant les régions échevins
(dans le Nord), jurés (dans le Sud-Ouest), consuls (dans
le Midi), et, au-dessus d'eux - sauf dans le Midi, où les consuls
administraient en commun et où les villes à cause de cela s'appelait
villes de consulat - un chef unique, le maire.
En outre, les bourgeois étaient convoqués à certaines dates en
assemblées pour donner leur avis sur les décisions des
magistrats et discuter des cas graves.
La commune constituait ainsi un véritable petit Etat qui se comportait
sur son domaine comme un seigneur sur le sien.
Dans l'ensemble du monde féodal, c'était une seigneurie comme
les autres, mais une seigneurie appartenant à plusieurs, une seigneurie
collective.
Elle faisait des ordonnances de police, administrait ses propriétés,
percevait des impôts.
Elle rendait la justice, possédait son pilori et ses fourches
patibulaires.
Elle levait des soldats, les milices communales.
Comme un seigneur, elle mettait au bas de ces actes un sceau de
cire ; comme un seigneur, elle avait son donjon, symbole de sa
souveraineté, le beffroi, haute tour carrée renfermant
les cloches communales, qu'un guetteur mettait en branle dès qu'un
danger, apparition de l'ennemi, incendie, se trouvait signalé.
|