Suite à
la prise de Calais par les Anglais, la trêve dura sept ans,
au cours desquels Philippe VI de Valois mourut en
1350.
Mais son successeur,
Jean II le Bon, n'était pas homme à reculer devant
une reprise des hostilités : comme son père, c'était un
chevalier vigoureux, bien taillé pour la lutte et s'y plaisant.
D'intelligence médiocre, se décidant sans réflexion et s'entêtant
ensuite sans prudence, il était aussi sûrement destiné à
se faire battre qu'il était résolu à se battre.
En 1356, une
nouvelle grande rencontre, celle de Poitiers (19 septembre),
aboutit, comme Crécy, à un désastre, plus complet même qu'à
Crécy, puisqu'il se terminait par la capture du roi, prisonnier
des Anglais.
La défaite fut,
avant tout, l'œuvre du roi Jean, de son imprévoyance,
de sa folle jactance.
Les Anglais, venant de Bordeaux sous les ordres du fils
d'Edouard III, le prince de Galles, qu'on surnommait
le Prince Noir à cause d'une veste d'étoffe noire
recouvrant son armure, s'étaient avancés jusqu'à Tours en
pillant, lorsqu'ils apprirent que le roi s'était glissé
derrière eux pour leur couper la route du retour.
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Le Prince Noir
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Ils battirent
aussitôt en retraite, mais Jean les attendait à deux
lieues au sud de Poitiers, et ils ne purent que s'établir
face à lui, prés de la ferme de Maupertuis, sur un petit
plateau bordé par l'abrupte vallée du Miosson.
Leur situation était dangereuse : ils étaient inférieurs
en nombre, manquaient de vivre et de fourrage.
Si Jean s'était borné à les encercler, ils se trouvaient
à bref délai contraints à capituler.
Aussi le Prince Noir offrit de restituer le butin
et de signer une trêve de sept ans, si on le laissait passer.
Jean, croyant les tenir à sa merci, refusa tout arrangement
: il ne voulait songer qu'à la bataille proche et aux beaux
coups d'épée qu'on allait frapper.
Le 19 septembre il lança ses troupes sur les ennemis, qui
tentaient désespérément de s'échapper par un gué du Miosson.
Mais, comme le terrain choisi par le Prince Noir
était couvert de vignes et de haies où les chevaux n'auraient
pu charger, le roi fit mettre pied à terre à ses nobles
et leur ordonna de combattre comme fantassins.
Paralysés par leurs lourdes armures, harcelés de flèches
par les archers anglais qui s'abritaient derrière les haies,
ils ne purent entamer les positions ennemies.
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Jean le Bon et son fils Philippe à Poitiers
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A la fin même,
après de lourdes pertes, les derniers combattants, avec
le roi, furent refoulés dans une boucle de Miosson : les
Anglais les y cernèrent et la journée s'acheva par une série
de luttes individuelles.
Jean se défendit bravement, ayant prés de lui son
plus jeune fils Philippe, un garçon de quatorze ans,
qui l'avertissait des coups dont il était menacés : "
Père, gardez-vous à droite ! gardez-vous à gauche ! ".
Mais blessé deux fois au visage, entouré de toutes parts,
il dut rendre son épée.
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Jean le Bon est fait prisonnier par les Anglais
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