Pour le moment,
Edouard III, le roi d'Angleterre qui n'avait que
16 ans, et sa mère, régente en son nom, ne protestèrent
pas. Isabelle conduisit même son fils à Amiens, l'année
suivante, pour lui faire prêter l'hommage qui devait, pour
ses fiefs d'Aquitaine, à son nouveau souverain.
Philippe VI put donc se croire assuré de l'avenir.
C'était, du reste un prince brave, ardent au combat, grand
amateur de joutes et de fêtes, mais un esprit très léger,
qui ne s'embarrassait pas de longs calculs politiques.
Il lui suffisait d'être roi pour frapper de beaux coups
d'épée à la tête de ses chevaliers, et il ne s'occupa, dès
son avènement, que d'aller guerroyer en Flandre pour aider
le comte contre ses sujets révoltés et écraser ceux-ci à
la bataille de Cassel (août 1328).
Mais, en 1330, Edouard III, mettant fin brusquement
à la régence, devint le maître de l'Angleterre, et un maître
qui n'avait pas seulement les qualités brillantes d'un chevalier.
C'était un politique ambitieux, avisé, que les scrupules
n'arrêtaient pas.
Il supportait mal d'avoir été exclu, malgré sa naissance,
du trône de France. Il supportait plus mal encore de voir
la situation qui lui avait été faite dans ses possessions
d'Aquitaine : la royauté française, depuis les Capétiens,
ne se gênait pas pour y affirmer en toute occasion sa suzeraineté,
pour y intriguer avec les seigneurs, pour empiéter sur les
droits du duc et ruiner son autorité.
Il lui parut qu'une guerre était le seul moyen de rétablir
une situation compromise, et dès maintenant il y songea,
soit qu'elle lui permit de reprendre la couronne à celui
qu'il appelait " le soi-disant roi de France " et
dans lequel il ne voyait qu'un usurpateur, soit que, plus
modestement, elle aboutit à abolir le lien féodal qui l'enchaînait
à son suzerain et à le laisser seul maître de ces riches
régions du Midi, dont il tirait tant de profits.
|