Les Hongrois, ou Magyars, forcés sans doute
de quitter l'Asie à la suite des bouleversements provoqués là-bas
par les conquêtes arabes, vinrent d'abord au IXe siècle dans
la Russie du Sud, puis dans la Roumanie actuelle.
Mais, sous la poussée de leurs voisins qui s'alarmaient de leurs
rapines et de leur férocité, ils pénétrèrent, au début du Xe
siècle, plus à l'Est, dans la plaine où avaient campé autrefois
les Avars, la Hongrie actuelle, et s'y installèrent.
Parvenus dès lors aux portes de l'Allemagne et de l'Italie,
ils ne cessèrent, pendant de longues années, de harceler ces
pays, entreprenant par bandes des courses rapides, de véritables
raids, incendiant les villes, massacrant les habitants, ramenant
chez eux de riches butins.
On les vit même, jusqu'en France, saccageant Nîmes et le Languedoc
en 924, brûlant Verdun en 926.
Les faibles successeurs de Charlemagne étaient impuissants
à les arrêter ou ne trouvaient d'autre moyen, pour s'en protéger,
que de signer avec eux des accords stipulant le paiement d'un
tribut annuel.
Pendant tout le premier tiers du Xe siècle, ils apparurent ainsi
comme un fléau redoutable, qui tenait en alerte perpétuelle
les peuples de l'Europe occidentale.
Cela ne cessa que du jour où, en Allemagne, le pouvoir royal
redeviendra assez fort pour se dresser audacieusement contre
les envahisseurs et où ceux-ci, refoulés, calmés, abandonnant
la vie nomade et convertis au christianisme, se cantonneront
enfin dans la plaine du Danube, aux dernières années du Xe siècle,
pour y faire souche d'un Etat organisé.
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